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Euro 1996, Pedros se souvient...


A l'occasion de l'Euro 2012, la rédaction est allée à la rencontre d'anciens internationaux français qui, de Joël Bats à Marcel Desailly en passant par Manuel Amoros ou Bruno Martini, évoquent leurs souvenirs des phases finales du Championnat d'Europe, de 1984 à 2008. Après 1984 et 1992, voici les souvenirs de l'Euro 1996 de Reynald Pedros, alors joueur du FC Nantes... 

Reynald, on imagine que l'annonce de votre sélection pour l'Euro 96 était une grande satisfaction. Vous rappelez-vous le lieu et la manière dont vous avez appris la nouvelle ?
Honnêtement non, je ne m'en souviens absolument pas. C'était une fierté. L'équipe de France, c'est un aboutissement, on travaille pour cela. Et si on a la chance d'y être, on essaie d'y rester le plus longtemps possible. Pour ma part, être sélectionné pour l'Euro, c'était top.
Vous sentiez-vous à l'aise dans ce groupe ?
Je suis arrivé dans le groupe France lors de la deuxième phase de la qualification pour la Coupe du monde aux Etats-Unis. A l'Euro, les anciens, je les connaissais déjà. J'avais été super bien accueilli. Après l'élimination contre la Bulgarie, j'avais continué, quelques-uns avaient arrêté. Généralement, l'intégration se fait plutôt bien en équipe de France, il n'y a pas de souci de ce côté-là, chacun fait sa petite vie. On vit bien ensemble.

"Mon penalty raté ? Une péripétie de ma carrière"

Vous rappelez-vous de votre première apparition à l'Euro ? Et des mots d'Aimé Jacquet ? (*)
Je n'ai pas trop de souvenir. Je sais juste que je suis rentré en seconde mi-temps. Je faisais partie de l'effectif, je rentrais assez souvent. C'étaient des moments particuliers, des moments de bonheur. Aimé Jacquet avait eu des mots simples quand je suis rentré. C'est quelqu'un qui était avec nous, qui nous connaissait bien.

Comment viviez-vous le fait d'être remplaçant ?
Je le vivais très bien. Etre remplaçant en équipe de France, c'est déjà super. L'important, c'était que je réponde présent à chaque fois, que je donne le meilleur de moi-même. Il n'y avait aucune frustration, je prenais ça avec beaucoup de plaisir.

Pouvez-vous nous faire revivre votre penalty raté en demi-finale, face aux Tchèques ? On imagine que c'est un souvenir douloureux...
C'est un penalty raté. Je ne l'ai pas très bien tiré. Derrière, c'est le couperet parce que si l'adversaire marque, c'est fini. Sur le moment, j'étais déçu de l'avoir loupé. J'espérais que celui de derrière allait le louper aussi. Mais ce n'est pas quelque chose qui m'a contrarié dans ma carrière, qui m'a fait baisser la tête ou plombé. C'est quelque chose qui est un peu anecdotique pour moi, même si beaucoup de choses se sont passées après. C'est une péripétie de ma carrière. C'est quelque chose qui s'estompe assez rapidement. J'ai pu en discuter avec certaines personnes qui m'ont rassuré en disant que ce n'était pas la fin du monde et que ça faisait partie du métier de footballeur.

Quels avaient été les mots d'Aimé Jacquet à l'issue de la rencontre ?
J'avais discuté avec Philippe Bergeroo et Aimé Jacquet qui m'avaient dit qu'il n'y avait aucun problème, que ce n'était pas grave, que ça pouvait arriver à tout le monde. Il n'y avait rien de dramatique. L'Euro était terminé, on s'arrêtait en demi-finale, mais la vie continuait.

"On aurait pu gagner"

Comment avez-vous vécu l'après Euro ? Cet échec a-t-il accéléré votre retraite internationale ?
Non, ce n'est pas ça qui a abrégé quoi que ce soit. Je suis reparti à Marseille après l'Euro. J'ai eu une demi-saison très compliquée et c'est à partir de là que j'ai perdu ma sélection, tout simplement. Le fait que j'aie raté ce penalty n'avait rien à voir avec ça.

 





 Comment avez-vous vécu cette première grande compétition européenne de l'intérieur ?
Plutôt bien. C'était un groupe avec à la fois des anciens et des jeunes, c'était très intéressant. Il y avait vraiment un super état d'esprit. De cet Euro, je garde de très très bons souvenirs.

Ressentiez-vous de la nervosité ou de la pression ?
Je ne ressentais pas de pression, mais plutôt de l'envie, de l'impatience. C'était une aventure très excitante. C'est un moment particulier qu'il faut savoir apprécier. Si on est là, c'est parce qu'on le mérite, on n'est pas là par hasard. Je ne suis pas quelqu'un qui est du genre à avoir la pression. Ce n'est pas quelque chose qui me caractérise.

Avec quels joueurs aviez-vous le plus d'affinités dans le groupe France durant la compétition ?
J'ai souvent été avec Christian Karembeu. On faisait chambre commune. Mais dans l'ensemble, très sincèrement, je m'entendais bien avec tout le monde. Il y avait une très bonne ambiance. Il n'y avait pas de clan ou de joueur à part. C'était un groupe qui vivait bien ensemble, et ça c'était important.
Quelle image gardez-vous de cet Euro ?
L'image que je peux garder, c'est quand même ce penalty. Si on s'était qualifiés pour la finale, je pense qu'on aurait pu la gagner. Mais je retiens aussi l'image d'un groupe solidaire. Ça a été une belle aventure. Ce qui me fascinait, c'était qu'à l'intérieur de ce groupe, chacun faisait sa vie, personne ne se mêlait des affaires des autres. Ceux qui voulaient se reposer se reposaient, ceux qui voulaient discuter discutaient. A l'intérieur d'un groupe très soudé, chacun avait une vie personnelle, vivait à son rythme. Ça responsabilisait les joueurs. C'est peut-être pour ça que je garde une image si positive de cet Euro. Il y avait beaucoup de confiance.

Quelles sont les qualités de ce groupe France qui vous ont permis d'atteindre les demi-finales ?
Il y avait pas mal de qualités individuelles, mais aussi un collectif qui se dégageait. Chacun faisait des efforts et les individualités se mettaient au service du collectif. C'est pour ça qu'on a fait un bon Euro. C'est aussi certainement ce qui leur a permis d'être champions du monde deux ans après.

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