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Ménez, soliste incompris ?


Auteur de son tout premier but en Bleu pour sa treizième sélection face à l'Estonie (4-0), Jérémy Ménez, hué au Mans, entretient un rapport particulier avec le public tricolore. Troisième meilleur passeur de Ligue 1 pour son retour réussi parmi l'élite française, le soliste parisien, qui se dit imperméable aux critiques, ne devrait pas débuter l'Euro comme titulaire.
"En Ligue 1, le seul joueur qui m'impressionne, c'est Jérémy Ménez, du PSG. C'est dommage qu'il n'ait rien dans le ciboulot, car il a un Pastore et un Hazard dans chaque jambe." L'"hommage" est signé Louis Nicollin, dans les colonnes du quotidien gratuit Metro. Pas franchement réputé pour sa mesure, le président montpelliérain, qui arbore désormais la même coupe de cheveux, à l'iroquoise, que le numéro 7 parisien, en avait remis une couche sur ce "type" dont il est visiblement tombé sous le charme, au moins au niveau footballistique: "Je le trouve vraiment fort, s'extasie «Loulou» sur RMC. J'espère qu'il va se mettre un peu de plomb dans la tête, car il est aussi fort que Zidane" Une comparaison que Jérémy Ménez n'a pas commentée, comme il ne réagissait pas plus aux critiques du début de saison.

Depuis la signature de son premier contrat professionnel à l'âge de 16 ans avec Sochaux, et encore plus après qu'il soit devenu, à 17 ans, 8 mois et 15 jours, le plus jeune auteur d'un triplé en Ligue 1, en sept minutes de folie face à Bordeaux le 22 janvier 2005 (4-0), celui qui a grandi du côté de Vitry-sur-Seine, dans le quartier du Moulin Vert, fait débat. Pas forcément sur son talent, incontestable, mais plutôt sur une apparente nonchalance dont cet éternel soliste se défend encore aujourd'hui. "C'est une image qu'on m'a collée à la peau depuis que je suis tout jeune, regrettait-il dans un entretien accordé à Téléfoot. Et c'est dommage de rester bloqué là-dessus. Mon jeu a beaucoup évolué, même si je ne suis pas un milieu défensif, tout le monde le sait. Je suis capable de courir, de défendre, donc il faut enlever cette étiquette du mec nonchalant qui ne défend pas et ne court pas."
  "Les gens ont le droit de siffler"

Auteur de la saison la plus pleine de sa carrière pour son retour en Ligue 1 après trois ans à la Roma, avec 33 matches de championnat pour 7 buts et surtout 12 passes décisives, le troisième meilleur totale de l'élite, il s'est tellement rendu indispensable, sur les côtés comme en pointe, que Carlo Ancelotti l'a systématiquement titularisé lorsqu'il n'était pas blessé. Une vraie rareté au sein du pléthorique effectif parisien. "Si le coach a fait appel à moi, ce n'est pas un hasard...", savoure-t-il encore. Un statut d'inamovible qu'il n'a pas encore chez les Bleus, où il a glané sa première cape lors des débuts de Laurent Blanc en Norvège en août 2010, alors qu'il devrait débuter l'Euro sur le banc. Douze sélections plus tard, il a certes fini par ouvrir son compteur face à l'Estonie (4-0), mais avoue qu'il devrait "avoir des buts en plus. Il faut que je sois plus lucide devant la cage". Une première réalisation en Bleu qu'il n'a pas célébrée, peut-être marqué par les sifflets des supporters manceaux dès son entrée en jeu et/ou frustré par des premières actions mal négociées.

Incompris, foncièrement timide selon ses formateurs sochaliens, Jérémy Ménez, dont les choix sur et en dehors du terrain, surtout capillairement parlant, peuvent parfois interpeller, ne laisse quoi qu'il en soit jamais indifférent. "Les critiques, je mets ça de côté, avoue-t-il. Et les gens ont le droit de siffler..." Une carapace et une inébranlable confiance en lui ("Je n'ai peur de rien ni de personne, tout en respectant tout le monde", a-t-il pour coutume d'affirmer) qui lui ont permis de "retourner" en cours de saison un public du Parc des Princes qui n'avait pas été tendre avec lui, en le conspuant dès ses débuts dans la capitale. Avant de l'acclamer comme un héros en fin de saison. Rien ne dit qu'il pourra réussir le même tour de force avec les supporters des Bleus. Mais il ne s'en soucie guère. Lui qui avoue revisionner régulièrement les vidéos de ses exploits avec les champions d'Europe des moins de 17 ans en 2004, la fameuse génération 87 (avec Ben Arfa, Benzema et Nasri), n'a qu'une ambition pour cet été: "L'Euro, il faut y aller pour gagner".

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